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je vous ai croisé - Page 2

  • Victor, ou quand le futur se fait si proche

    Il la prend en charge devant la gare du Nord, un soir. Après quelques minutes de silence, ils engagent la conversation, sur les balivernes habituelles : d’où elle rentre, les bouchons, la météo, son métier. Il demande si ce n’est pas trop dur pour son petit ami de la voir partir chaque semaine. Sa question tout à fait anodine appuie ce soir là où ça fait mal. Très mal. Dans l’habitacle sombre, les larmes lui montent aux yeux, en une fraction de seconde. Elle ne peut même plus parler. Elle se ressaisit difficilement, tente de plaisanter sur le fait que seules ses plantes se languissent d’elles, et encore, même pas, car elle les a choisies increvables.

    Il s’étonne, une femme « comme elle », pose les questions habituelles, comment , pourquoi, donne les conseils de celui qui ne la connaît pas : sortir, voir du monde, ne pas se refermer sur soi-même. Ils discutent comme deux vieux amis. Le naturel de leur conversation a quelque chose d’incongru et de terriblement humain. Il jette un coup d’œil dans le rétroviseur.

    « Vous avez quel âge ?, demande-t-il.

    –        Quel âge vous me donnez ? » rétorque-t-elle, confiante.

    –        La quarantaine ? »

    –        Merde, vous m’avez ruiné ma soirée, Victor ! D’habitude, on me donne au bas mot 5 ans de moins que mon âge. Décidément, tout fout le camp.»

    Ils rient ensemble et se charrient. Soudain, son ton se fait plus grave et ses yeux noirs l'accrochent dans le rétrovisuer.

     « Écoutez moi, je vais vous raconter une histoire. Peut-être que vous ne me croirez pas, peut-être que vous me prendrez pour un illuminé. J’ai moi-même encore du mal à y croire. Tel que vous me voyez là, j’ai 47 ans. Je suis divorcé et j’ai 2 enfants. Ma femme et moi, on s’est séparés il y a plus de 10 ans. Pendant des années, j’ai traîné sur des sites de rencontre, enchaîné les plans cul. Je me retrouvais au pieu avec des femmes que je ne connaissais pas deux heures auparavant. Au début, c'est la fête, on croque sa liberté à pleines dents. J’en ai profité mais au fur et à mesure, les matins deviennent mornes et on se demande où on va. On se sent merdeux. On perd l’estime de soi. On ne croit plus aux mots d’amour.

    Au printemps dernier, je suis allée passer une journée avec mes enfants au Futuroscope.  Dans l’après-midi, on est à la cafétéria de l’hôtel. Une femme se retourne brusquement, me rentre dedans et je me renverse le café sur la chemise. Elle s’excuse avec un fort accent anglais. En moi-même, je pense « Quelle conne d’anglaise ! » Je dis à mes gosses de m’attendre et je monte dans la chambre me changer, en pestant. Quand je redescends, son enfant a sympathisé avec les miens. Elle m’offre un café pour se faire pardonner et nous nous asseyons ensemble. L’enfant est en fait son petit-fils. Et elle n’est pas anglaise, mais portugaise comme moi. Son accent vient du fait qu’elle vit dans l’Ontario, à quelques kilomètres de la ville dans laquelle j’ai moi-même vécu, enfant. Une sacrée coïncidence. Finalement, on passé toute la journée ensemble. Et depuis, on ne s’est plus quittés. Moi qui m’étais toujours juré de ne jamais sortir avec une portugaise.  

    Je ne sais pas où cette histoire me mènera. Ce n'est pas facile, elle est veuve et ses filles sont très possessives et ne semblent pas prêtes à accepter qu'elle refasse sa vie. Peut-être que le jour où je vous reprendrai en course, je serai seul et malheureux, et je n’y croirai plus, de nouveau. Mais si on m’avait dit, il y a encore quelques mois, que je serais heureux comme je le suis aujourd’hui, je n’y aurais pas cru. Vous savez, la vie, ce n’est que des choix. On prend à droite ou on prend à gauche. On saisit sa chance ou pas. On prend des risques ou on reste au chaud dans ses certitudes. Quand vous perdrez espoir, pensez à ma jolie histoire et s’il vous plaît, continuez à y croire. »

    Devant chez elle, ils ont poursuivi la conversation encore quelques instants. Elle a claqué la porte de la confortable berline et munie de ses bagages, elle a levé les yeux vers la fenêtre où aucune lumière ne brille plus depuis longtemps. Pourtant rien n'a plus terni son sourire intérieur ce soir-là. Victor et son histoire d’amour toute neuve l’auront empêchée de sombrer dans la mélancolie, au moins pour quelques heures. 

    En refermant la porte de son appartement, elle ne souhaite qu’une chose à Victor : que la prochaine fois qu’il arrêtera son taxi devant elle, il soit toujours aussi heureux.

  • Marie et Bruno au Café de Bouzigues, à Aigues-Mortes

    Photo261.jpgLa semaine avait pourtant commencé mollement. J'étais très fatiguée de ma semaine éreintante à Angoulême et ce lundi matin, je découvrai avec agacement que mes trois stagiaires, dernier groupe de 7 à être formées, étaient visiblement venues en formation à reculons, effrayées par les retours des précédents groupes.

    Pourtant, ouvrir les rideaux, au saut du lit, sur la mer et les mouettes virevoltantes, et m'endormir le soir au bruit des vagues valait toutes les grimaces du monde. Et le soir, franchir le pont tournant puis prendre le volant, dans la nuit noire, pour rallier Aigues-Mortes, piloter ma voiture dans ses ruelles étroites, me garer le long des remparts, niquer mes talons sur les pavés, et m'installer dans un de ses très bons restaurants, vides de touristes était un moment de détente que je savourais à sa juste valeur.

    Hier soir, déjà, je m'offrais un petit plaisir : me faire tripoter les cheveux par Luc, très sympathique coiffeur au charme troublant, installé à côté du Super U Port-de-pêche. Quand il m'a demandé "Et alors, comment ça a été, cette journée ?" en me parlant de mes trois poils sur le caillou comme si j'avais la toison de Samson, j'ai oublié le poisson mal décongelé du midi. Je l'ai même tutoyé. Luc est le genre de coiffeur dont j'imagine que toutes les clientes sont amoureuses. Maniant ciseaux et peigne avec la légèreté d'un oiseau, il discute manifestations et éducation nationale. Dommage que je ne puisse pas répondre à son invitation à essayer des choses ensemble (il parlait de coupes de cheveux bien sûr).

    Après avoir confié mes cheveux à Luc, je remettai mes pieds entre les mains d'une podologue-pédicure qui me fit des petons de poupon. Hier soir, je vous l'ai dit, c'était la fête à Fiso.

    Aujourd'hui, mes stagiaires ont le sourire et la plus râleuse des trois est allée acheter une fougasse d'Aigues-Mortes pour "me faire goûter la spécialité du coin", que nous partageons autour d'un café imbuvable, l'après-midi. J'observe, amusée, une très maigre jeune femme de l'étage gratter conscinecieusement le sucre du dessus de la fougasse, dont elle s'enfile 3 parts.

    Aujourd'hui, c'est ma dernière soirée au Grau-du-Roi. Reposée par le profond sommeil dans lequel je m'enfonce chaque soir, je m'offre un jogging de près d'une heure au ras des vagues, entre le quai Colbert et Port Camargue. Sur le sable, des grappes de moules mais aussi d'hideux sacs en plastique enfouis dans le sable, des gobelets, des chaussures oubliées, des crabes blanc-gris léchés par le sel, des squelettes de poissons et sous mes baskets, des coquillages en miettes. Lorsque le soleil se couche, transformant les nuages en barbe à papa rose et parme, je m'étire face à la mer et rentre au Splendid hôtel me doucher. Parenthèse : le Splendid hôtel est super. On y dort comme un bébé, y'a du fromage et du jambon au petit déj' et la jeune fille anglaise préposée au service est adorable.

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    Il est presque 21 heures quand je pousse la porte du Café de Bouzigues, à Aigues-Mortes, endroit chaleureusement recommandé par la jeune poologue. La veille, me heurtant à la porte close, j'avais retrouvé avec plaisir le service irréprochable et la délicieuse soupe de poissons du restaurant les Arcades. Outre le service toujours aussi soigné, les olives vertes "de notre jardin", dixit la serveuse, et le feu dans la cheminée, mention spéciale au restaurant les Arcades : sur la table, un porte-serviette cache un sac en plastique pour emporter les bouteilles de vin non terminées.

    Le Café de Bouzigues est bien rempli et les couleurs chaudes. Au mur, des affiches de taureaux et des guirlandes lumineuses. Personne pour m'accueillir alors je patiente près du bar. Un homme est assis, me sourit, se lève précipitamment, vaguement embarassé : "Je suis client, mais je vais le chercher".

    Pas le temps de l'arrêter, de lui dire que je ne suis pas pressée, il a disparu au fond du restaurant. On m'installe à une table de deux, voisine de la sienne. Je sens qu'il m'observe. J'avise des livres de la région, chouette j'aurai de quoi remplacer mon roman de Nick Cornby, que j'ai oublié à l'hôtel. Pourtant, ce soir, je ne lirai pas. Une jeune femme brune a rejoint le client prévenant et ils ont pris place sur une table ronde.

    Il se penche vers moi "Si vous voulez gratter l'amitié avec nous, vous êtes la bienvenue". Faut pas me le dire deux fois et après confirmation, je prends mon sac et m'installe à leur table. Les présentations sont faites : Fiso, Bruno, Marie.

    Bruno, qui a des cils noirs de faon, m'apprend qu'il est restaurateur au Grau-du-Roi. Son restaurant c'est le B Plage, non loin de mon hôtel. Marie, originaire de Sète, travaille au Yacht Club, à la Grande Motte. Et tandis que je me présente, Christophe, le patron du café de Bouzigues, s'installe pour dîner avec nous (enfin, c'est moi l'intruse, comme vous l'avez compris). On nous apporte la mise en bouche, une mousse de raifort sur saumon fumé, coiffé de pousses de betterave. Parenthèse : les mises en bouche sont une attention que j'ai découverte en province. A Paris, rien n'est gratuit. Fin de la parenthèse.

    "Nous fumons nous-mêmes notre saumon" dit Christophe et je les suis lorsqu'il traverse le patio, Marie sous le bras, pour lui montrer son fumoir. Il en est très fier et s'amuse à fumer toutes sortes d'aliments. Si le taureau fumé est dégueulasse, il paraît que le magret fumé, c'est une "déchirure".

    En entrée du menu complet à 29€50, je choisis des huîtres de Bouzigues gratinées au beurre blanc, crème de panais tandis que Bruno se tape un foie gras poêlé aux figues. Maintenant, je le sais, les huîtres de Bouzigues proviennent de l'étange de Thau, à proximité de Sète, découverte l'année dernière.

    En plat, nous tombons d'accord sur des encornets farcis d'une compote de pieds de cochon et de gambas, polenta dorée et coulis d'étrilles. Je louche sur le pigeonneau désossé, mais charnu, dans lequel Christophe mord avec gourmandise. Les encornets sont délicieux, la polenta un peu trop salée à mon goût. 

    "Pourtant, je n'y croyais pas, quand mon chef Renaud m'a sorti ce mélange pieds de cochon-encornets" dit Christophe, précisant que la carte est changée chaque mois. comme ils me regardent mitrailler les plats et la déco d'un air perplexe, je confie que je suis blogueuse. "Coupe le micro, Fiso" dit Bruno. Ce soir, pourtant, le plaisir n'était pas seulement dans l'assiette. Loin de là. D'ailleurs, mes photos ne rendent rien. On s'en passera donc, mais croyez-moi, le café de Bouzigues est un endroit où l'on mange bien.

    Le repas se poursuit de façon très conviviale. Je les écoute discuter de leurs difficultés de restaurateurs tout en admirant le charme piquant de Marie, très élégante avec ses cheveux cuivrés et ses lunettes carrées. Bruno fait défiler sur son I-Phone les photos des plats qu'il sert dans son restaurant, comme pour me prouver que contrairement à ce que m'ont dit mes stagiaires, il y a aussi de bons restaurants au Grau. Et c'est vrai que ses parilladas de poisson ou encore sa morue fraîche font envie, de même que les transats en bord de plage.

    "Le rosé ça fait bronzer" dit Marie, et moi j'ai pris un petit coup de soleil alors vers 23h, je salue mes convives. "Ce fut un vrai plaisir de faire ta connaissance", dit Marie. "Merci à vous de m'avoir invitée à votre table, c'est la première fois que cela m'arrive en 2 ans" dis-je en lui serrant la main. "Ah mais Bruno, c'est un gentil, il aime les gens".

    Et moi, j'aime les gens qui aiment les gens. Alors si je reviens dans la région, cette fois, je n'irai pas dîner à Aigues-Mortes. J'irai saluer Marie et Bruno et boire à l'amitié.

    Ce soir-là, dans la nuit noire, avec les marais salants quadrillant mon GPS de lignes oranges, je réalisai, avec une pointe de tristesse, que c'était la dernière fois que je faisais la route entre Aigues-Mortes et le Grau-du-Roi.

    A l'entrée de la ville, j'obéis à la voix qui me dit de prendre à droite, puis à gauche, et je m'engage dans les rues désertes de la ville, jusqu'au boulevard du maréchal Alphonse Juin où j'ouvre ma portère sur les cris des mouettes et le ressac des vagues.

    J'aime ces endroits inconnus qui me deviennent familiers après quelques jours. Comme le corps d'un homme qu'on aime au présent, dont on veut retenir chaque détail. On s'enivre de son parfum en se disant que ça ne durera pas, on tente de retenir la magie de l'instant, de la graver dans sa mémoire sensorielle. Je n'oublierai pas de sitôt Marie et Bruno. Je m'habituais déjà à attendre patiemment que soit terminée la valse des bateaux dans le port du Grau-du-Roi pour franchir le pont tournant. A découvrir le lever du soleil sur la mer, comme si j'avais grandi avec ce spectacle sous les yeux.

    Je suis un caméleon. Une tortue qui balade sa maison sur son dos. Se sentir partout chez soi, est-ce que cela veut dire n'être nulle part vraiment ?

    Le salon de coiffure de Luc

    Le Yacht Club à la Grande Motte

     

     

     

  • Narjess au Nouvô Cosmos

    Girls Soul Power.jpgDimanche dernier, j'ai bravé le froid et avalé les stations de métro pour retrouver une de mes belles rencontres, sur un site du même nom, dans un café bondé, métro Jourdain. Il m'avait invité au concert d'une de ses connaissances qui jouait au sein du quatuor Girls Soul Power.

    Je suis arrivée en avance (si, si, c'est vrai !) et ai siroté un mojito en l'attendant. Et l'ambiance n'a pas tardé à se réchauffer, au Nouvo Cosmos, en glissant sur les voix veloutées de Sheliyah et Abi, rhytmées par le saxo de Nathalie Ahadji et les percusions de Narjess.

    Stevie Wonder, Sade, Lauryn Hill, du gospel et d'autres incontournables funk soul pour mon plus grand bonheur !

    Su la page Myspace de Narjess, justement, j'ai eu un coup de coeur musical pour la chanson Bang Bang sur laquelle elle a joué avec Yalloh. Entre violons et violoncelle, j'en fais de belles découvertes sur Myspace !

    Narjess quitte très bientôt la France et elle m'a glissé qu'elle jouait au même endroit avec les mêmes personnes le dimanche 10 janvier ... Justement le jour du prochain brunch entre blogueurs ! C'est pas de la balle, ça ?

    Un petit extrait de l'ambiance, dimanche soir, avec l'autorisation de Narjess (et encore merci à Daniel !) :

      

  • Les Roumains sont des latins

    Petite histoire n° 1 : Hier, une bagarre a éclaté dans Bucarest entre un chauffeur de taxi et un piéton, supposément tzigane. Est-ce que le piéton a traversé où il ne fallait pas, est-ce que le taxi lui a foncé dessus ? En tout cas, l'attroupement fut rapide et l'échange musclé. Peu de temps après, le chauffeur fait un malaise et est transporté à l'hôpital. Le temps de remplir les papiers d'admission, il était mort d'un infarctus.

    Petite histoire n° 2 : La scène se passe dans l'hypermarché Cora de Pantelimon. C'est le jour de l'ouverture et le magasin est noir de monde. Les bananes remportent particulièrement un franc succès et les employés sont tous réquisitionnés pour en emballer des kilos que s'arrachent les clients. Près des caisses, c'est la cohue. Deux personnes âgées se bousculent. Le vieux monsieur « Hé ! Qu'est ce que tu as à me bousculer comme ça ? » La vieille dame, levant la main « Quoi ? Tu veux une taloche ? »

    Petite histoire n° 3 : Mon traducteur roumain à l'accent normand est dans le tramway aux heures de pointe. Des voitures se sont immobilisées sur les rails, bloquant la circulation du tramway. Le chauffeur, excédé, ouvre sa fenêtre et se penchant au dehors, hurle à un automobiliste « Qui c'est qui t'a appris à conduire comme ça ? » « Ta mère ! » lui répond son interlocuteur.

    Petite histoire n° 4 : Mon traducteur roumain à l'accent normand forme de jeunes roumaines aux bases de l'accueil client. Il insiste sur le sourire, les formules de politesse. L'une d'elles : »Moi je ne souris plus, c'est fini ». Il demande la raison de son refus. La dernière fois que j'ai souri à une cliente, elle m'a crié « Hé toi pétasse ! Qu'est ce que tu as à sourire comme ça ? Tu fais du gringue à mon Jules ?»

    Petite histoire n° 5 : C'est une petite femme frêle, d'à peine 1m50. Toute maigre et toute petite. Un fétu de paille. Soudain, elle jaillit de derrière sa caisse, comme une furie, et balance des coups de pied au cul d'une vieille dame. Mon traducteur roumain à l'accent normand observe la scène, stupéfait, sans pouvoir réagir. Il apprendra plus tard que la vieille dame avait insulté la petite femme frêle, la maudissant, elle et ses enfants. Ce que la vieille dame ne savait pas, c'est que la petite femme frêle venait de perdre son enfant, quelques jours auparavant. Pour la faute qu'elle a commise, la petite femme frêle subira pendant plusieurs mois une retenue sur son salaire.

  • Camille, le roumain de Normandie

    Un homme s'avance, me tend la main « Bonjour, je suis Camille ». J'hésite, me lance « Vous êtes un de mes stagiaires ? » « Stagiaire ? Non, je suis votre interprète ».

    Après quelques minutes de discussion sur l'organisation de la formation, je demande « Vous êtes donc français, vous vivez depuis longtemps ici ? » Camille sourit. « Je ne suis pas français, mais ce n'est pas la première fois qu'on le croit ». Il porte le nom d'un célèbre auteur, le Proust roumain

    Camille raconte que lorsqu'étudiant en France, il avait  travaillé quelques mois dans un centre d'appels à Poitiers, il eut à gérer un jour une cliente très difficile. Après que son problème ait été résolu, celle-ci avait dit « Excusez-moi, je vais vous poser une question un peu personnelle. Vous êtes normand, n'est-ce-pas ? » Camille me confia n'avoir pas voulu lui raconter sa vie, qu'il n'était en France que pour ses études, et roumain de surcroît. Il avait acquiescé « Oui, je suis normand, comment avez-vous deviné ? »

    « Et bien, mes parents vivent près de Rouen et vous avez exactement le même accent qu'eux. J'étais sûre que vous étiez normand ! »